We are what we are - ft Vaughn & Trisha

Voilà presque une année que la vie d'Allïa avait tourné au cauchemar. Il y a encore un an, elle était une néphilim, chasseuse d'ombres, plutôt douée dans ce qu'elle faisait et sa vie lui convenait très bien. Elle avait un parabataï, Neal, une vie ordonnée avec un sens. Elle se consacrait corps et âme à l'Enclave Mais voilà, il avait fallu qu'elle tombe sur ce loup, qu'il la morde et qu'elle ne se transforme en un monstre, un hybride, ni totalement néphilim, ni totalement métamorphe. L'enclave l'avait alors bannie, aussi simplement, Allïa avait perdu ses capacités à utiliser des runes. Elle avait du fuir, Neal la croyait morte et toute sa vie avait été chamboulée. Depuis un ans, elle survivait grâce à des petites missions à droite et à gauche. On lui donnait des noms d'hommes à tuer et elle les exécutait sans se poser de questions en échange d'un peu d'argent. Où était le bien dans tout ça ? Et le mal ? Tout ça lui importait peu désormais. Elle avait consacré toute sa vie à faire le bien et voilà ce que ça lui avait rapporté.  

Allïa venait de revenir à la Nouvelle-Orléans, elle cherchait un logement pour la nuit. Ses nouveaux sens lui permettaient de déceler si une habitation était vide ou non. Ce fut alors que son regard fut attiré par du mouvement non loin d'elle. Un homme s'avançait dans sa direction. Elle sentit avant même de voir son visage, qu'il était un métamorphe. Alors qu'il se rapprochait, elle le reconnut. C'était le loup qui l'avait transformé. Le choc fut tel qu'elle ne se maîtrisa plus du tout. Depuis qu'elle avait découvert qu'elle était une métamorphe, elle avait énormément de mal à maîtriser ses émotions. Chaque coup dur, elle devait énormément prendre sur elle pour ne pas se transformer en bête sauvage. Son père lui avait toujours appris à canaliser ses émotions, aussi, elle ne se débrouillait pas trop mal, même si ça lui demandait énormément d'énergie, mais là, le choc fut trop grand pour qu'elle garde le contrôle.

Elle laissa échapper un hurlement de douleur tandis que tout son corps se contorsionner pour se transformer. La douleur était si intense à chaque fois qu'elle croyait mourir. Foutu gène. Une fois transformée en loup, elle se prépara à se jeter sur l'homme à quelques mètres d'elle, complètement révoltée et incapable de se contrôler. C'était lui le responsable du monstre qu'elle était devenue. Il allait le lui payer cher. La vengeance était un plat qui se mangeait froid.

La colère était si forte qu'elle n'avait pas pu empêcher son corps de se transformer. Désormais, elle n'avait qu'une envie : faire payer à l'homme devant elle, ce qu'il lui avait fait. Allïa était à deux doigts de sauter sur lui quand un deuxième individu s'interposa entre eux. La jeune louve s'arrêta, prise par surprise. Le loup en profita pour s'échapper ce qui la rendit furieuse. Elle aurait pu se venger, là maintenant. Il lui avait gâché la vie en la mordant et en la transformant en hybride. Comment pouvait-il encore se promener libre en toute impunité ? Sa colère lui aveuglait l'esprit et son désir de vengeance était si important qu'il prenait le dessus sur tout raisonnement logique. C'était une année de rancœur qu'elle trimbalait derrière elle, une année loin des siens à se morfondre et à nourrir un esprit de vengeance. Allïa hésita à le poursuivre, mais nul doute qu'il avait du fuir loin et elle n'aurait aucune chance de le rattraper s'il s'était transformé en loup. Elle manquait encore d'entraînement et il avait l'air plus expérimenté. Elle se retourna vers le nouvel arrivant, les crocs dévoilés, l'air menaçante. Il avait osé se mettre en travers de son chemin, il allait le regretter.  

L'inconnu se présenta sous le nom de Vaughn. Il lui dit alors qu'il était un loup, comme elle et qu'il ne lui voulait pas de mal. Allïa s'arrêta, surprise. Prise par son désir de vengeance, elle n'avait même pas fait attention à son odorat mais en effet, il était également un métamorphe, elle pouvait le sentir maintenant. Elle s'arrêta alors, se demandant quelle conduite adopter. Il s'était agenouillé et ne semblait pas menaçant. Elle se calma, se reculant légèrement. La jeune louve jeta un coup d’œil aux alentours, se demandant si la meilleure option ne serait pas de fuir. Au cours de sa vie de Nephilim, elle avait croisé des loups garous, la plupart n'était pas mauvais. La jeune femme se sentait affaiblie ainsi transformée, elle ne se maîtrisait pas complètement et n'était pas au top de ses capacités. La jeune louve était sur le qui-vive, prête à bondir et à s'enfuir au moindre geste suspect de son interlocuteur.  

Allïa jetait des regards à l'homme en face d'elle. Elle s'agitait, faisait de petits allers-retours devant l'homme, ce qui pouvait témoigner de sa nervosité. Elle hésitait sur la démarche à suivre. Elle pouvait toujours s'en aller mais pour aller où ? Elle avait conscience de sa taille de "louve" et que si elle croisait des humains normaux, ils seraient effrayés. Pire, elle pouvait tomber sur des policiers ou autre qui pourraient s'en prendre à elle. Et si elle redevenait humaine dans ces bois, elle se retrouverait nue comme un ver, et franchement, elle se voyait mal quitter les lieux sans vêtement. Ce ne serait pas très malin de sa part pour être "discrète". L'homme tendit la main vers elle et Allïa se tendit sans pour autant l'attaquer.

Lorsque l'invidu lui demanda pourquoi elle voulait se jeter sur l'autre loup, son poil se hérissa et elle montra les crocs, sentant la haine remonter en elle. Ses yeux brillaient d'une étincelle de rage et elle se demanda un instant si elle pourrait se contrôler. Son corps tremblait de rage, frémissait. Ce n'était pas forcément le sujet à évoquer pour la calmer, là, maintenant. Elle revoyait le visage de l'homme qui l'avait transformée et cela suffisait à faire remonter tout un tas d'émotions négatives. Elle sentait d'ailleurs que chacune de ses émotions étaient démultipliées et elle devait énormément prendre sur elle pour ne pas laisser complètement libre court à l'animal en elle qui ne demandait qu'une chose : se jeter sur l'homme devant elle. Elle se mit à faire de petits tours autour de l'homme, comme s'il n'était qu'une proie. Allïa luttait pour arriver à se calmer.

Allïa se recula doucement, ne voulant pas commettre l'irréparable sous le coup de la colère et de la rage. Elle resta à distance raisonnable de l'homme sans pour autant fuir ou quitter les lieux. Son instinct la poussait à croire qu'il pouvait surement l'aider, lui offrir peut être un endroit sûre où elle pourrait se transformer et reprendre forme humaine loin des regards. Des loups sont censés être solidaires entre eux non ?

Allïa hésita, devait-elle fuir ou le suivre comme il le lui avait proposé ? Quand il avança la main, elle s'esquiva. Qu'il la considère comme un animal la révulsait, même si, là, sous cette apparence, c'était ce qu'elle était bien sûre. Mais l'accepter, c'était la renvoyer à ce qu'elle était devenue, une hybride, une métamorphe et elle avait toujours du mal avec ce concept. La jeune louve accepta finalement de le suivre. Elle n'avait pas vraiment le choix à vrai dire. Elle resta à distance et ne le laissa se rapprocher que lorsqu'ils croisaient des gens. Bizarrement, ils n'attirèrent pas le regard sur eux et arrivèrent sans encombre à l'appartement de Vaughn. C'était déjà ça. Là, il lui proposa de l'eau et à manger. Allïa cligna deux fois des yeux, non, elle n'avait pas faim.

La jeune louve se positionna dans un coin de l'appartement, mal à l'aise, ne quittant pas des yeux Vaughn. Elle tenta de se calmer, contrôlant sa respiration, cherchant à ne plus penser à l'homme qu'elle avait croisé au parc. Ses émotions étaient si à fleur de peau que dès qu'elle laissait ses pensées divaguer et repenser à la scène du parc, elle sentait une rage sourde envahir son être et son poil se hérisser. Non, elle chercha à se calmer, à prendre sur elle, à vider son esprit en songeant à des choses agréables. C'était facile à dire mais pas à faire. Cette dernière année, elle n'avait pas connu beaucoup de choses joyeuses ou agréables. Elle sentait les fourmillements caractéristiques de la transformation se manifester. Elle savait que redevenir humaine serait affreusement douloureux et épuisant, mais elle n'appréhendait plus ce passage. Plus vite ce serait fait, et mieux ce serait.  

Allïa se promit que dès qu'elle serait redevenue humaine, elle partirait sans demander son reste. Il fallait vraiment qu'elle arrive à prendre sur elle pour ne plus laisser ces maudites transformations prendre le dessus.

Allïa ne quittait pas des yeux Vaughn, le suivant du regard dans ses moindres déplacements. Elle le regarda donc monter à l'étage puis redescendre pour déposer les vêtements sur la table. Elle lui en était reconnaissante, sachant que sous forme humaine, elle serait nue comme un ver, des vêtements ne seraient pas du luxe. Ce qu'elle pouvait détester se sentir aussi faible et aussi dépendante. La jeune louve n'avait pas bougé d'un poil et même après qu'il lui ait proposé de venir s'installer à côté de lui, elle ne le fit pas, préférant garder ses distances. Son regard embrassa la pièce où elle se trouvait, accrochant son attention sur des détails. L'endroit était plutôt agréable et confortable mais malgré tout, dans cette peau de loup, elle ne sentait pas à son aise ici.

Une demi-heure passa, Allïa restait aux aguets. Elle sentait qu'elle était désormais suffisamment calme et maîtresse de ses émotions pour envisager une transformation. Retrouver un calme intérieur quand toutes ses émotions sont à fleur de peau, pouvait prendre très longtemps. Là, ce fut plus rapide que prévu. La jeune femme sentit alors tous ses os craquer, se transformer, sa peau lui brûlait. La douleur était comme toujours, atroce, insupportable. Elle savait qu'elle y survivrait comme toujours, mais elle avait beau lutter c'était plus fort qu'elle. Elle avait l'impression que la douleur la prenait aux entrailles, au plus profond d'elle-même. La louve qu'elle était gémie, se tordit au sol sous la souffrance. Son corps tout entier se modifiait pour reprendre une apparence humaine. Chacun de ses os changeait de place, de taille, se transformait. Tout ce qui se passait autour d'elle était désormais secondaire, elle était comme absorbée par la souffrance qui absorbait tout son être.

Allïa n'accorda donc plus la moindre importance à Vaughn et elle ne sut même pas s'il était toujours là ou s'il avait quitté la pièce. Après de longues minutes de souffrance, elle reprit enfin forme humaine et resta quelques instants allongée au sol, la respiration haletante, épuisée par ce qu'il venait de se passer.

Lorsqu'Allïa reprit ses esprits, un plaid couvrait son corps. C'était une délicate attention de la part de Vaughn. Elle n'avait pas à se montrer dénudée comme ça. Elle s'enroula dedans et se redressa. Elle était épuisée comme après chacunes de ses transformations. Elle détestait ce qu'elle était devenue et le sentiment de faiblesse qui en découlait. Son hôte apparut alors dans le salon et posa un verre d'eau sur la table. Cette fois, Allïa ne se fit pas prier et le but d'une traite. La transformation lui demandait toujours beaucoup d'énergie. Il lui demanda comment elle s'appelait. La jeune femme lui répondit : "Je m'appelle Allïa... Merci pour tout ça.." Elle montra le plaid, l'appartement, il l'avait tiré d'une mauvaise passe. Sans lui, elle serait probablement nue dans le parc, à se demander comment s'en sortir et à devoir affronter le regard moqueur des passants. La au moins, elle avait pu reprendre forme humaine loin des regards.

Soudain, le visage d'Allïa s'assombrit lorsqu'elle resongea au parc et à la scène qui s'y était passée. "Pourquoi est-ce que vous vous êtes interposés dans le parc ? Cet homme n'aurait eu que ce qu'il méritait..." Rien qu'à songer au loup qui l'avait transformé, elle sentait sa colère prendre le dessus, heureusement pas assez fortement pour provoquer à nouveau une transformation, il ne manquerait plus que ça. La jeune femme en voulait réellement au loup qui l'avait transformée et avait bouleversé négativement sa vie. Elle lança un regard méfiant à Vaughn, devait elle le mettre dans le même panier que ce loup ? Après tout, il s'était montré acceuillant mais pour autant, peut être qu'elle lui accordait sa confiance un peu trop vite.